La légende du Rocher de l'Amour.
Cette légende est indissociable de l'histoire vraie d'une femme, d'une très belle femme , Géraude Delpech dont le feu était à Flomont . Une petite histoire, dans la Grande Histoire, qui plonge ses racines au XVéme siècle.
Il y a longtemps , très longtemps , dans les années 1420-1430 , vivait , sous le château de Flomont , au hameau du Mas del Pech, une jeune et très belle femme d'une trentaine d'années . Le château debout et fier était occupé par le seigneur damoiseau de La Mothe . Cette jeune femme aux yeux verts et à la longue chevelure rousse se prénommait Géraude et était mariée en justes noces avec Jehan Delpech , un bûcheron respecté.
Géraude Delpech, la guérisseuse.
Géraude avait acquis une solide réputation de guérisseuse : elle soignait aussi bien les bêtes que les hommes grâce aux plantes dont elle maîtrisait les secrets. Elle donnait à ceux ou celles qui venaient la voir , philtres et onguents ainsi que des recommandations qui permettaient, selon elle, de guérir ou d'atténuer douleurs et souffrances .
Ainsi, par exemple, aux jeunes femmes non fécondes, elle préconisait d'aller se recueillir , s'allonger et se frotter à un rocher aux vertus magiques, tout proche de son logis . Elle invitait à accomplir ce geste au temps de l'équinoxe de printemps , au moment de la fête religieuse de Rameaux, en formulant in petto le vœu d'avoir descendance.
Un vieux grimoire écrit entre 1410 et 1425 , retrouvé dans un four banal au lieu-dit « Las Loungaïnes » cite cet endroit et mentionne ce caillou (chayrou), en le nommant « la Peira d'Amor ».
La guérisseuse indiquait aux jeunes femmes qu'elles reconnaîtraient sans hésitation ce rocher à sa forme :
-" Per Rampal ,anatz a la Peira d'Amor, Rendez-vous au rocher de l'amour , au moment de Rameaux " , disait-elle "C'est une peira (pierre) qui ressemble à un conhil (sexe féminin) . Allongez-vous ,frottez-vous sur le caillou, préconisait-elle à ses visiteuses . C'est ainsi que vous trouverez comme le pommier en automne celui que vous attendez et qui vous secouera! (traduction littérale). »
-" Per Rampal ,anatz a la Peira d'Amor, Rendez-vous au rocher de l'amour , au moment de Rameaux " , disait-elle "C'est une peira (pierre) qui ressemble à un conhil (sexe féminin) . Allongez-vous ,frottez-vous sur le caillou, préconisait-elle à ses visiteuses . C'est ainsi que vous trouverez comme le pommier en automne celui que vous attendez et qui vous secouera! (traduction littérale). »
Les jeunes femmes imprégnées de ces paroles sibyllines et munies de ce viatique prenaient alors le moment venu, le chemin indiqué et allaient se recueillir et frotter leur nombril sur la pierre en formulant le vœu d'avoir un enfant.
Il faut dire qu'à cinq lieues à la ronde , tous les amoureux connaissaient l'endroit où ils se promettaient l'amour éternel pour les plus sages et les moins entreprenants! Les autres faisaient des travaux pratiques dont le résultat ne se faisait souvent pas attendre !
Les femmes dont le vœu s'était accompli dans l'enfantement, plusieurs mois plus tard, revenaient à cet endroit. Elles suspendaient alors aux branches d'un charme , en signe de reconnaissance ou d'ex-voto, un linge, un ruban. Les branches basses de l'arbre ployaient et bruissaient au vent qui faisait frémir ces horions.
La rumeur
Ces consultations , ces pratiques perdurèrent longtemps, longtemps , jusqu'au jour où cette femme fit de l'ombre au clergé local , courroucé par son succès et sa popularité . Bientôt ,des bruits circulèrent et une rumeur enfla .
De philtres, incantations et impositions de mains que pratiquait la belle Géraude, la rumeur parla bientôt de poisons, de rite satanique et d'empoisonnement, puis circulèrent des accusations de sorcellerie, d'apostasie et de péchés contre Dieu et l'église!
Et pour faire bonne mesure, sa réputation fut mise à mal quand elle fut accusée aussi d'avoir eu un fils à la suite d'une copulation avec le diable, une nuit de pleine lune, au milieu de la brande de Roche de Vic ,près de Pisse-Lièvre , à Chasterlut.
Les langues des vipères et des grenouilles de bénitier colportèrent un récit dont les détails accréditaient la véracité : des paysans avaient trouvé, un soir , tracé sur la brande de Roche de Vic, un cercle, au centre duquel était posé une baguette et un parchemin en peau de bouc, à demi-consumé sur lequel était inscrits des symboles mystérieux et ésotériques.
D'autres manants , quelques jours plus tôt,à la tombée de nuit , avaient aperçu un bouc noir de très haute taille se tenant près d'un feu extraordinairement incandescent . Ce bouc était droit sur ses pattes arrières selon leurs dires . Il y avait aussi une femme avec l'animal. Le grand bouc dont le sexe était en érection, se serait approché, le regard lubrique, dans une attitude sans équivoque, de la jeune femme. Les marauds effrayés et tremblants , cachés dans une haie épaisse, auraient alors entendu quelques mots , tandis que le vent portait une très forte et fétide odeur soufre :
D'autres manants , quelques jours plus tôt,à la tombée de nuit , avaient aperçu un bouc noir de très haute taille se tenant près d'un feu extraordinairement incandescent . Ce bouc était droit sur ses pattes arrières selon leurs dires . Il y avait aussi une femme avec l'animal. Le grand bouc dont le sexe était en érection, se serait approché, le regard lubrique, dans une attitude sans équivoque, de la jeune femme. Les marauds effrayés et tremblants , cachés dans une haie épaisse, auraient alors entendu quelques mots , tandis que le vent portait une très forte et fétide odeur soufre :
-"Tu es venue Géraude pour être mienne! Tu seras mienne!"
Oui, C'était bien Géraude, la Géraude à la cascade de cheveux roux et à la croupe incendiaire , mariée à Jehan Delpech , du Mas del Pech de Flomont, qui participait à ce sabbat. Cela se passait non loin de Pisse-Lièvre , à Chasterlut (ndlr : une croix de bois et un calvaire y ont été dressés plus tard pour exorciser l'endroit , cf photo )!
Oui, C'était bien Géraude, la Géraude à la cascade de cheveux roux et à la croupe incendiaire , mariée à Jehan Delpech , du Mas del Pech de Flomont, qui participait à ce sabbat. Cela se passait non loin de Pisse-Lièvre , à Chasterlut (ndlr : une croix de bois et un calvaire y ont été dressés plus tard pour exorciser l'endroit , cf photo )!
Pourtant, la réputation de plus en plus sulfureuse n’empêcha nullement le vulgus pecum de venir la voir et de la consulter souvent en catimini, parfois au vu et au su de tous . Géraude et son couple, il est vrai, bénéficiaient d'une bienveillance certaine de la part de notabilités parmi lesquelles le damoiseau et co-seigneur de Maïçàc, Bernard 1er de Toucheboeuf et son ami, le jeune chevalier et 1er co-seigneur de Maïçàc, Messire de La Mothe-Flomont qui commandait la noblesse de l'arrière-ban du vicomté de Turenne.
Bernard 1er de Toucheboeuf avait même fait appel à elle pour soigner son fils prostré et l'avait recommandée, à ses proches, comme nous avons pu le lire et le vérifier dans le récit documenté de Jean Marot (ndlr:un troubadour-rhétoriqueur de Cahors , fils du poète Clément Marot , de passage chez son ami ,le vicomte Agne de Turenne) .
La tragédie
C'est pourtant , le noble seigneur, Bernard 1er de Toucheboeuf , qui, après avoir ressenti une inclination illégitime et torride pour Géraude , changea radicalement de ton et d'attitude, lorsque celle-ci l'éconduit, bravant et refusant sans ambiguïté , le droit de cuissage que voulait exercer le damoiseau . Le perfide, frustré et humilié Bernard 1er l'accusa alors publiquement de sorcellerie et d'apostasie.
C'est par lui que le scandale tragique de « Géraude-la-sorcière » arriva : au début de l'été 1433, un procès inéquitable fut instruit précipitamment , présidé par le moine inquisiteur Peire de Boulou ,âme damnée du vicomte Agne de Turenne . Géraude fut torturée, condamnée puis exposée plusieurs jours , début 1434, aux fourches patibulaires situées dans les barris de Maïçàc , (ce lieu deviendra La Fou(r)cherie) .Elle sera enfin suppliciée, au même endroit ,sur le bûcher le 21 janvier 1434 .
C'est pourtant , le noble seigneur, Bernard 1er de Toucheboeuf , qui, après avoir ressenti une inclination illégitime et torride pour Géraude , changea radicalement de ton et d'attitude, lorsque celle-ci l'éconduit, bravant et refusant sans ambiguïté , le droit de cuissage que voulait exercer le damoiseau . Le perfide, frustré et humilié Bernard 1er l'accusa alors publiquement de sorcellerie et d'apostasie.
C'est par lui que le scandale tragique de « Géraude-la-sorcière » arriva : au début de l'été 1433, un procès inéquitable fut instruit précipitamment , présidé par le moine inquisiteur Peire de Boulou ,âme damnée du vicomte Agne de Turenne . Géraude fut torturée, condamnée puis exposée plusieurs jours , début 1434, aux fourches patibulaires situées dans les barris de Maïçàc , (ce lieu deviendra La Fou(r)cherie) .Elle sera enfin suppliciée, au même endroit ,sur le bûcher le 21 janvier 1434 .
Cette fin dramatique accrut la popularité du Rocher de l'Amour, symbole de la fécondité. La réputation des vertus de la « Peira d'Amor » se répandit et prospéra dans le pays et le vicomté de Turenne et même au-delà, tandis qu'une seconde légende naissait : celle de la Dame Blanche de la Tour « Malbec » de l'église Saint Pierre de Colonjas , la tour du mauvais présage !
Mais, croquantes et croquants , ceci est une autre histoire . En attendant , tenez-vous fiers !
Sources et bibliographie :
-Archives secrètes de l'évêché de Tulle
-Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu
-Le dictionnaire des paroisses (Poulbrière ,1899)
-Le grimoire des Loungaïnes « Les plus beaux chemins » de Pedro Lane
-Le récit de Jean Marot, rhétoriqueur de Cahors
Sources et bibliographie :
-Archives secrètes de l'évêché de Tulle
-Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu
-Le dictionnaire des paroisses (Poulbrière ,1899)
-Le grimoire des Loungaïnes « Les plus beaux chemins » de Pedro Lane
-Le récit de Jean Marot, rhétoriqueur de Cahors
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