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mercredi 8 mai 2019

Le Catharisme

Le catharisme émergea en réaction à l’emprise exercée par Rome sur la pensée et les pratiques religieuses dans l’Europe médiévale. Les cathares, mot dérivé du grec katharoi et signifiant « pur », dénonçaient la corruption de l’Église et estimaient qu’elle s’était éloignée des enseignements du Christ et des Évangiles. Leur système de croyances différait en fait radicalement de la doctrine catholique. La vie, pour les cathares, était un champ de bataille entre le Bien, principe rédempteur et céleste, et le Mal, incarné dans le monde matériel, celui de la réalité quotidienne. Les êtres humains, de nature matérielle, étaient considérés comme essentiellement mauvais, mais pouvaient retourner à Dieu et au Bien, en transcendant la matérialité, c’est-à-dire en renonçant à tout appétit et plaisir physique. En recevant le consalamentum, ou consolament, ceux qui devenaient « les parfaits » s’engageaient à suivre rigoureusement cette voie. Ils pratiquaient le célibat, jeûnaient et se vouaient à la prédication. Les simples croyants menaient une vie assez libre. Quand approchait la mort, ils recevaient à leur tour le consolament, assurant le salut de leur âme.
Le catharisme était fermement établi, au XIIe siècle, dans la région du Languedoc, alors indépendante et convoitée par les royaumes voisins de France et d’Aragon. Le mouvement jouissait, en Languedoc, du soutien des grands nobles locaux, dont Raymond VI, comte de Toulouse. En 1119, l’Église catholique, au concile de Toulouse, condamna le catharisme pour hérésie. Le pape Innocent III tenta d’abord de ramener les « hérétiques » au dogme catholique par la prédication et la persuasion, mais quand, en 1209, son légat fut assassiné à Toulouse, il opta pour la force. C’était là, pour le roi de France Philippe Auguste, une opportunité de s’emparer du Languedoc. La croisade dite « des albigeois » prit la forme de sièges brutaux, de massacres et d’exécutions en masse. En 1209, 20 000 personnes environ, hommes, femmes et enfants, furent passées par le fil de l’épée à Béziers. On raconte que les soldats s’inquiétaient de ce qu’il pouvait y avoir des catholiques parmi leurs victimes. Le légat du pape, l’abbé de Citeaux, aurait apaisé leurs doutes en déclarant froidement : « Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens. »
La croisade prit officiellement fin en 1229 avec le traité de Paris qui donnait à la France, sur laquelle régnait désormais Louis IX, le contrôle du Languedoc. Pourtant la persécution des cathares se poursuivit. Les survivants se réfugièrent dans les châteaux des quelques seigneurs qui leur offraient protection, mais ces places fortes furent prises et détruites une à une. La mémoire des cathares est entretenue avec une certaine nostalgie en Languedoc, et les ruines du pays cathare tendent à être considérées comme des monuments à la résistance contre les pouvoirs établis et la force brutale de l’autorité centrale.
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